Saint-Hervé

La belle vie de saint Hervé

Saint-Hervé a-t-il existé ? On aurait tendance à le croire tant le culte de saint Hervé est ancien et répandu en Bretagne, et pourtant la légende et la réalité sont dans sa vie tellement mêlées que l’on est amené à en douter. Sa vie est racontée dans un manuscrit connu sous le nom de « Légendaire de Tréguer », dans un manuscrit de l’abbaye Saint-Vincent du Mans datant du XVe, et dans un autre manuscrit de l’abbaye de Saint-Gildas-des-Bois. Sa vie a été reprise sous forme hagiographique par Albert Le Grand dans la première moitié du XVIIème siècle.

Hervé naît vers 520. Fils du barde Hyvarnion venu de l’île de Bretagne en Armorique puis en France où il aurait vécu un temps à la cour du roi franc Childebert où, poète et musicien il s’était distingué. Mais il gagne aussi le respect et l’estime par la sainteté de sa vie chaste, chrétienne, exemplaire.

Lorsqu’il quitte la cour, Childebert lui donne des lettres pour son lieutenant en Armorique, Conomor, lui demandant de procurer à Hyvarnion un vaisseau pour rentrer en Bretagne. Mais sa rencontre avec Rivanone en décidera autrement.

Hervé est aveugle de naissance. Ses parents auraient vécu au manoir de Lanrioul en Plouzévédé. A la mort de son mari, Rivanone, barde elle aussi, s’établit sur le à Keran, trève de Tréflaouénan, où elle élève son fils encore tout jeune. L’enfant avait l’esprit ouvert et la mémoire prodigieuse et fidèle : instruit par sa mère, il savait dès l’âge de sept ans, tout le psautier, avec les hymnes ecclésiastiques. Lorsqu’il fut en âge de se débrouiller, sa mère se retira dans une solitude avec quelques filles, et y passa saintement le reste de ses jours.

Après le départ de sa mère, il s’établit dans une vie en solitude à Lanhouarneau, où se trouvait l’oratoire qu’elle y avait construit et il y ouvrit même une école. Mais il fuit rapidement le monde pour mener une vie d’ermite, vite rejoint par des disciples, quitte Lanhouarneau et s’établit à Bourg-Blanc où, dans un le monastère en ruines, où avait vécu saint Urfold, qui fut sans doute son oncle. Un tremblement de terre mit au jour le lieu de la sépulture du saint qu’Hervé accommoda de pierres raconte Albert le Grand. Il reconstruisit pierre par pierre la bâtiment.

Hervé consacre sa charité à la jeunesse des environs, en se donnant le soin de les instruire avec patience. L’un d’eux, Guiharan, prit l’habitude de guider notre Saint dans ses trajets. Enfin, averti que la fin de la vie de sa mère approchait, il alla recevoir sa bénédiction, lui fermer les yeux et l’ensevelir. La tradition raconte qu’il y eut beaucoup de miracles au tombeau de cette sainte femme.

Hervé se rendit ensuite à Saint-Pol-de-Léon où l’évêque, le futur saint Houardon, lui conféra les ordres mineurs. Il devient confesseur mais refuse par humilité le titre d’abbé, acceptant seulement d’être ordonné exorciste. L’on raconte aussi qu’il ne voulut pas devenir prêtre, s’estimant indigne de célébrer l’Eucharistie.

S’en suit alors tout un itinéraire à travers la Bretagne qui conduit Hervé, trouvant qu’il était toujours trop honoré pour ce qu’il faisait, vers Plouigneau et Plougonven. On en parle ensuite dans les Monts d’Arrée, puis en Cornouaille. Une tradition veut que, voulant désormais se fixer quelque part pour toujours, il marcha du côté de l’Orient, et s’arrêta dans un champ du côté de Landivisiau, qui lui fut donné par le propriétaire. Revenu dans le Léon, il mène alors une vie humble mais réalise des miracles comme lorsqu’il délivre le comte Hélénus, d’un diable qui avait pris place dans sa domesticité. On le retrouve ensuite sur le Méné Bré pour assister à l’assemblée des évêques bretons qui excommunia le comte Conomor, assassin de sa femme, Sainte Tréphine.

Hervé revint enfin vivre à Lanhouarneau où il mourut, sans doute vers 566, entouré de ses disciples Hardian, Gozhuran, de sa nièce (ou tante) sainte Christine. Pol Aurélien aurait assisté à ses funérailles Six jours avant sa mort, saint Hervé aurait été averti par un ange, que Dieu l’appellerait à lui et il s’en réjouit. Mais, sainte Christine qui l’avait accompagné dans sa retraite jusqu’à la fin, le supplia de ne pas la laisser sur terre après son départ. Il lui promit qu’il demanderait pour elle à Dieu ce qu’elle souhaitai et elle mourut au pied du lit d’Hervé.

Ermite, aveugle et musicien, il travaille sans relâche pour l’éducation des enfants et l’accueil des pauvres sur le Menez-Bré. La légende raconte que le chien avec lequel Hervé se guidait fut mangé par un loup; le saint contraignit alors le loup à le remplacer ; c’est pourquoi Saint Hervé est représenté tenant un loup en laisse, et est invoqué pour protéger les troupeaux. On a longtemps déposé au pied de sa statue de la laine par reconnaissance.

Une autre légende rapporte qu’un loup dévora l’âne du paysan avec lequel Hervé labourait, mais il s’agenouilla pour prier et à sa demande, le loup vint s’atteler lui-même à la charrette.

À la fin du IXème siècle, face aux invasions normandes, sa dépouille est mise à l’abri au château de Brest. Une partie de ses reliques est finalement conservée à Lanhouarneau. La majeure partie est néanmoins donnée par le duc Geoffroy de Bretagne en 1002 à l’évêque de Nantes, le crâne est adressé à la cathédrale de Rennes. Elles ont disparu de la cathédrale pendant la Révolution. Oubliées pendant des années, les reliques sont retrouvées à la fin du XXe dans une arrière-sacristie de l’église Saint-Sauveur de Rennes, et leur retour à Lanhouarneau est décidé en 1998.

On lui attribue le célèbre « Cantique du Paradis ». Sa Vita, rédigée vers le XIe siècle, explique qu’il composa un cantique sur le Paradis. Peut-être le texte fut-il revu par Dom Michel Le Nobletz, initiateur des missions en Bretagne. En 1816, un prêtre de Plougonven le fit imprimer et diffuser avec un immense retentissement. De quand date la musique ? Elle est sans doute très ancienne et Dom Le Feuvre, qui fut maître de chœur de l’Abbaye Sainte Anne de Kergonan lui attribue même une origine antérieure à l’ère chrétienne. Paroles et musique en font ainsi le cœur de la tradition chrétienne bretonne.

Kantik Ar baradoz

Avec deux personnes qu’on connaît bien à la Mission, Claude Nadeau et Daniel Dupitier

 

Prenons de la hauteur, survol du Méné Bré

Office du Tourisme Guingamp-Paimpol

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