Saint Budoc

LA VIE MERVEILLEUSE DE SAINT BUDOC, FILS DE SAINTE AZENOR

Patron des « pêcheurs d’épaves et des pilleurs de côtes »

L’histoire de Saint Budoc est racontée en détail dans un opuscule publié aux environs de 1620 par l’évêque de Dol de l’époque, Hector d’Ouvrier. Avant lui, dans sa vie de saint Guénolé, écrite entre 850 et 885, Gurdisten décrit Budoc comme « ministre angélique, richement doué de savoir, remarquable par sa droiture, que tout le monde de ce temps considérait comme l’une des plus fermes colonnes de l’Eglise« .

Sur cette statue de l‘église de Porspoder, Budoc arbore la tonsure celtique des moines insulaires : la partie antérieure de la tête, en avant d’une ligne allant d’une oreille à l’autre, était complètement rasée alors que, en arrière de cette ligne, la chevelure était intacte et souvent portée longue. Il porte comme crosse d’évêque la croix nimbée irlandaise, c’est-à-dire entourée d’un cercle en retrait par rapport à la croix. Contrairement à la croix latine à jambe inférieure plus longue que les autres, la croix est régulière, chaque branche ayant une longueur identique.

Entre histoire et légende

Nous sommes en pays Léonard, près de Brest, au V° ou VI° siècle de notre ère, là où se dressait le château d’Even, prince de Léon, seigneur de Brest. Sa fille, la princesse Azénor, était belle et pure. Albert Le Grand la décrit comme « de riche taille, droite comme une palme, belle comme un astre, et cette beauté extérieure n’était rien en comparaison de son âme.  » Le comte Chunaire de Goëllo, connaissant sa renommée, demande la main d’Azénor, en envoyant au roi Even beaucoup d’or et d’argent. Les noces sont célébrées durant quinze jours, avant qu’Azénor ne rejoigne le château du comte de Goëllo.

Mais, quelques mois après, la mère d’Azénor meurt, et le roi Even se remarie alors avec une femme peu recommandable, une  » dame de grande maison qui avait l’esprit malicieux, noir, sombre et malin « , une  » femme aussi mauvaise que la mer par un jour de tempête … « . Convoitant le futur héritage d’Azénor, elle décide de se débarrasser de sa belle-fille. A force d’insinuations et de mensonges, s’aidant de faux témoins, elle persuade le roi Even et le comte Chunaire son gendre qu’Azénor était adultère et impudique…Even et Chunaire, hommes de peu de foi, croient tout cela.

Déshonoré, Chunaire fait reconduire Azénor à Brest, où son père l’enferme dans la tour la plus sombre du château, qui porte encore aujourd’hui son nom, en attendant de comparaître devant ses juges. Là, du haut de la tour, Azénor chante et invoque le pardon de Dieu pour ses bourreaux. Les juges, sans écouter ses protestations d’innocence, sans contrôler les dires des accusateurs, sans preuve, la condamnent à être brûlée vive. Mais Dieu veille et le jour prévu pour l’exécution de la sentence, ses bourreaux apprennent qu’elle est enceinte. Or, les lois interdisent une telle sentence pour une femme enceinte, jusqu’à l’accouchement. Les juges décident alors de lui faire grâce de la vie, mais à la demande de son père et de son mari, de l’enfermer dans un tonneau, et de les jeter à la mer, elle et son enfant. Ce qui est fait, impitoyablement. Cinq mois durant, le tonneau navigue au gré des flots, et l’ange gardien d’Azénor les nourrit tous les jours. Enfin, ils débarquent sur une grève d’Irlande, à Beauport. L’enfant qui nait alors est baptisé  » Budoc « , ce qui signifie en breton « sauvé des eaux ».

Mais, la marâtre meurt et, rempli de remords, le comte de Goëllo décide alors de gagner la Bretagne. Parcourant Angleterre, Écosse, pays de Galles, il désespère de retrouver sa femme, et son fils. Un jour enfin, en Irlande, il se retrouve face à un garçonnet blond comme les blés, aux yeux bleus, identiques à ceux d’Azénor, c’est Budoc, son fils, qui lui permet de retrouver sa femme. Il les ramène tous les deux en Armorique mais meurt au cours de la traversée, suivi de près par Azénor. Le petit Budoc est alors élevé par son grand-père le roi Even, qui le confie à saint Samson, évêque de Dol avant de repartir en Irlande, dans un monastère, consacrant sa vie à Dieu. Devant tant d’humilité et de foi, on presse Budoc de devenir archevêque. Fuyant ces honneurs et les pillards sévissant à cette époque, ou les envahisseurs païens Budoc décide de partir au-delà des mers, mais, n’ayant point de navire, s’allonge dans une grande auge de pierre et retourne en Armorique. Il s’agit sans doute là d’un curragh, embarcation de peau lestée de pierres. Il débarque alors à Porspoder dont il devient le pasteur avec une exigence sans pareil qui le fait craindre plus qu’aimer de ses ouailles. Après avoir séjourné à Porspoder, il fit charger sur un chariot attelé de quatre bœufs le bateau qui lui avait servi d’embarcation pour traverser la mer et décida que là où l’essieu du chariot se romprait, il élèverait son église ; ce sera Plourin dont il devient le pasteur avec la même exigence.

Il devient abbé de Dol, puis évêque de Dol lorsque saint Magloire abandonne cette charge. Il fonde alors, avec d’autres compagnons, le premier monastère-université d’Armorique, une école monastique sur l’îlot de Lavret, dans l’archipel de Bréhat. Bon nombre de prêtres y sont formés, qui évangélisent ensuite les côtes de la Bretagne. Les futurs saints Jacut, Guthénoc et Tudy suivirent les cours dans cette université, et y trouvèrent la connaissance enseignée par la théologie, l’astronomie, les lettres, et même, paraît-il, la musique. Ils furent ainsi parmi les nombreux saints qui fondèrent une grande partie des paroisses de l’Armorique.

Parmi la cinquantaine d’élèves qu’eût saint Budoc, le plus célèbre est saint Guénolé ; confié dès sa petite enfance à Budoc, il y resta jusqu’à ses vingt-et-un ans. C’est Budoc qui lui confia 11 compagnons pour aller fonder un autre monastère là où la Providence les conduirait. Ce sera Landévennec.

L’on raconte qu’au moment de mourir, pris de remords devant l’exigence dont il avait fait preuve à Porspoder et à Plourin, et devant les craintes et souffrances que tout cela avait pu provoquer, il y envoya l’un de ses disciples pour demander pardon en son nom.  Il lègue son bras à Plourin.

1 Comment

  1. Bonjour,
    j’ai moi aussi une histoire similaire à celle de saint Budoc à cela prés que saint Budoc fonda la paroisse de Beuzec Cap Sizun. Le lieu ou l’essieu de sa charrette se rompue est situé sur la voie romaine qui sillonne tout le Cap Sizun en son centre et à cet endroit on retrouve aujourd’hui la fontaine qui porte son nom.
    « voie romaine »: route commerciale par ou transitait toutes les marchandises et qui fut pavé par les romains pendant l’annexion de l’Armorique.

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