Histoire

La création en 1947 par l’Abbé Gautier

Abbé Elie Gautier
Abbé Elie Gautier

La Mission Bretonne a été créée en 1947 par l’abbé Elie Gautier du diocèse de Saint-Brieuc. Le Père Gautier, qui avait étudié l’émigration bretonne et écrit plusieurs livres sur ce sujet, fut d’abord attentif aux employées de maison ou, comme on disait alors, aux bonnes à tout faire, exposées à la main-mise des proxénètes. Il fut aussi très vite attentif aux gars qui arrivaient de leurs fermes, pas du tout préparés à vivre à Paris et sa banlieue. Après un premier local rue de la Convention, ce furent le boulevard de la Gare, la rue de l’Eglise, la rue La Quintinie en 1962. Toute une organisation s’est mise en place peu à peu pour accueillir tout ce monde de plus en plus nombreux. Il fallait parer au plus pressé, trouver du travail et un logement. Ensuite ou en même temps, aider ces jeunes à s’intégrer dans une société complétement nouvelle pour eux, sans perdre leur âme. Or leur âme, c’était la Foi traditionnelle qu’il fallait les aider à conserver, tout en les faisant réfléchir à une mise à jour indispensable. Travail immense et ingrat face à une décomposition matérialiste et hédoniste. Face à tous ces problèmes, maintenir la Mission Bretonne comme un lieu de convivialité, de cordialité, de joie d’être ensemble, était d’une exigence absolue.

Les années 1960

Le Père Le Quéméner

Le Père Le Quémener est arrivé rue La Quintinie en octobre 1966. Il a trouvé un lieu plutôt calme en semaine mais bourdonnant le week-end. Le Père Gautier lui confia la responsabilité des « jeunes » dans un sens large, en gros de 20 à 40 ans. Lui-même s’occupait des anciens. Le Père Andrieux du diocèse de Saint-Brieuc s’occupait des fiancés et des couples, assez nombreux. Le Père Guilloux, du diocèse de Rennes, faisait la visite des communautés bretonnes dans toute la région parisienne. A cette époque le nombre des adhérents était important, 5000 environ.

Une assistante sociale à la retraite était gratuitement à la disposition de ceux qui cherchaient du travail ou un logement. Une autre bénévole donnait des cours de dactylographie à des employées de maison qui voulaient s’en sortir et elle se chargeait de les placer. D’autres bénévoles donnaient des cours de rattrapage de français et d’arithmétique ainsi que des cours de mécanique.

Le Père Le Quéméner accueillait tous les samedis de 20 h à 23 h quelques 200 à 300 habitués d’un bal musette, somme tout plutôt sympathique, qui se terminait par quelques minutes de réflexion sur l’évangile du dimanche. Le dimanche, de 700 à 800 jeunes et moins jeunes se retrouvaient pour une après-midi dansante coupée par une causerie d’environ une demi-heure qui pouvait se prolonger, dans une autre salle, par un débat plus ou moins animé selon les sujets traités. A 18 h, une messe était célébrée dans un local aménagé en chapelle ; une centaine de personnes y participaient. En soirée, place au théâtre programmé par des troupes qui s’exerçaient dans la grande salle en semaine, ou à des variétés, ou encore des projections de films.

Dans le cadre d’un Comité de Jeunes, formé de trente membres élus par commissions, dix élus prenaient en charge chacune des trois Commissions : Accueil, Culture, Sports-Amitié-Voyages. D’autre part, avec des jeunes voulant approfondir leur Foi, dont beaucoup issus de la JOC et surtout de la JAC-MRJC, le Père Le Quémener organisait des rencontres hebdomadaires de réflexion et des week-ends avant Noël, Pâques et la Pentecôte, du samedi après-midi au dimanche après-midi avec messe en conclusion.

Pardon Saint-Yves
Pardon Saint-Yves

 

Le Pardon de la Saint-Yves

Chaque année la Mission Bretonne organisait en juin le Pardon de la Saint-Yves aux Arènes de Lutèce. Les années les plus fastes cette manifestation rassemblait de 5 à 7000 personnes. Elle commençait par un cortège breton défilant dans les rues de Paris. Deux années, le cortège s’est même rendu à Notre-Dame et la Grande fête a eu lieu malgré les grèves de mai 68 !

 

 

Le tournant des années 70

Resté seul prêtre à bord en 1970 et devenu président, le Père Le Quémener eut à gérer une crise que mai 68 avait révélée. A la masse des migrants ruraux obligés de quitter leurs fermes trop petites ou absorbées par des plus grandes ont succédé, en nombre plus restreint mais avec la même dose de difficultés, des jeunes munis de diplômes pour la plupart mais victimes de la crise économique…, marqués en même temps par un vent de contestation ou de remise en cause… Ce qui a amené les responsables de la Mission Bretonne à ajouter à son titre « Ti ar Vretoned » pour bien marquer que la maison se veut accueillante à tous, croyants ou incroyants… ou en recherche.

Assez paradoxalement, en même temps, alors que les anciennes générations avaient plutôt tendance à mettre leur identité bretonne au vestiaire, les nouvelles générations veulent au contraire l’affirmer, parfois même avec une certaine agressivité. De plus, aux jeunes qui arrivent encore de Bretagne s’ajoutent beaucoup d’autres, de plus en plus nombreux, qui sont nés en région parisienne de parents qui, à leur avis, ont souvent eu tort de se laisser voler leur identité. En réaction, ils se mettent à réapprendre la langue, l’histoire, les chants, la musique de leur Bretagne… sans oublier leur âme.

 

L’installation rue Delambre

En 1975, 15 jours avant Noël, la Mission Bretonne, obligée de quitter La Quintinie, se replie rue du Cotentin dans un vieux patronage mis à sa disposition par la paroisse St-Jean-Baptiste-de-la-Salle, pour 2 ans, le temps d’aménager le local actuel.

Pendant deux années, la M.B. va tourner un peu au ralenti. Il faut tout de même assurer le minimum de finances, ne serait-ce que pour payer la location du local, heureusement modique : 500 FF par mois. Un fest-deiz mensuel y suffit largement grâce à un bénévolat intégral de tous, y compris les musiciens et les chanteurs de kan-ha-diskan.

Et ça permet d’économiser un peu pour aider à faire face aux frais engagés pour l’achat et l’aménagement du nouveau local prévu 22, rue Delambre. Pour faire face aux frais qui seront de 2 000 000 FF, le Père Le Quémener essaie d’abord de faire valoir une indemnité d’éviction de La Quintinie avec l’aide de conseiller juridique de l’archevêché de Paris. Le résultat est satisfaisant puisque indemnité nette (900 000 FF) et intérêts (100 000 FF) constituent la moitié des dépenses prévues. Moyennant des dossiers vus et revus, la moitié du reste est épongée par une subvention du Conseil Régional de Bretagne (300 000 FF) et de la Ville de Paris (200 000 FF). Les 500 000 FF restant à trouver sont réunis grâce aux festoù-deiz, à des dons et à la réussite d’une souscription « 10 FF la brique ».

L’inauguration du 22, rue Delambre (14ème) a lieu à Noël 1977. Peu à peu s’y développent de nombreuses activités : danse bretonne, langue bretonne, kan ha diskan, musique, etc.

 

Pour en savoir plus

La Mission Bretonne, une étonnante aventure
un livre-photos retraçant l’évolution de la Mission depuis ses 70 ans