Si la Mission m’était contée …

Si la Mission Bretonne m’était contée

Avec ce premier article, nous vous proposons toute une série racontant l’histoire de la Mission Bretonne.

Episode 1 : Avant la Mission Bretonne

Milieu des années 1950, la guerre est finie depuis une courte décennie et la grande migration rurale bretonne vers la capitale amorcée à la fin du XIXème siècle, renforcée dans l’entre-deux-guerres, explose littéralement alors que s’amorce la période de haute croissance qu’à la suite de Jean Fourastié, on prend vite l’habitude d’appeler « les Trente Glorieuses ». Paris et sa région ont besoin de bras pour construire logements, industries, services et donc d’une immigration tant nationale qu’étrangère.

La Bretagne accuse alors un sérieux retard économique et social fruit de l’histoire politique et des rapports souvent difficiles avec la France : traité d’union, incompréhensions multiples lors de la Révolution Française, jacobinisme, centralisation, drame de Conlie, profonds traumatismes des deux guerres mondiales. Jusqu’au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, la modernisation économique de la Bretagne n’a pas été une priorité.

D’autres communautés provinciales sont installées depuis longtemps à Paris : Basques, Alsaciens, Auvergnats se sont organisés car à l’émigration saisonnière est venue se substituer une émigration définitive qui requiert associations et entraides multiples. Beaucoup de ceux-ci, arrivés plus tôt que les Bretons ou possédant des associations disposant de plus de moyens, ont entamé une ascension sociale qui échappe encore en grande partie aux Bretons, dont beaucoup travaillent à la construction du métro, initié par le Breton Fulgence Bienvenüe (1852-1936).

Tardivement les révolutions industrielles, les progrès économiques et sociaux, le chemin de fer arrivent en Bretagne. Mais le désenclavement tarde tandis que les départs vers d’autres horizons que ceux difficiles de la Bretagne se multiplient : Nantes et Rennes, sud-ouest de la France mais aussi Etats-Unis, Canada… et bien sûr Paris qui devient vite la plus grande ville bretonne de France. Bientôt plus nombreux que les autres provinciaux de Paris, les Bretons sont arrivés souvent avec un rythme différent. Certaines années ce sont 10 000 Bretons qui partent dont grosso modo près des 2/3 passeront par Paris et l’Ile de France.

Mais eux-aussi s’organisent :  associations caritatives, intellectuelles, culturelles, sociales sont nombreuses. On se réunit aussi par département  ou région d’origine, à Paris mais aussi dans les villes de banlieue où se sont installés peu à peu les Bretons, à Saint-Denis, aux Lilas, à Montreuil, à Clamart, à Argenteuil, à Versailles…

Toute une élite bretonne vit aussi à Paris des politiques, des médecins, des intellectuels, des financiers et des hommes d’affaires. Nombreux sont ceux qui, dans la mouvance de Marc Sangnier, ont fait partie du Sillon puis après son interdiction se sont retrouvés dans les associations se réclamant du catholicisme social, fortement influencés par les « abbés démocrates », à l’image de l’Abbé Mancel, de l’Abbé Bridel ou de l’abbé Trochu fondateur avec Emmanuel Desgrées du Loû de l’Ouest Eclair.

Eglise Notre Dame des Champs

Enfin, et surtout, la Paroisse Bretonne de Paris est créée en 1897 à Notre Dame des Champs, boulevard du Montparnasse  sous la houlette d’un abbé visionnaire dans sa démarche sociale, l’abbé François Cadic originaire de Noyal-Pontivy (Morbihan). Collecteur, inventeur de la première sécurité sociale,  il fonde une revue, organise lieu de culte, foyer d’accueil et bureau de placement. Mais l’abbé Cadic rentré en Bretagne meurt en 1929, et la Paroisse Bretonne ne lui survit pas malgré les efforts remarquables de l’abbé Mauny et de l’abbé Mérienne.

Il n’y aura plus l’équivalent de la Paroisse Bretonne jusqu’à la création de la Mission en 1947 pour aider tous ces Bretons que le Père Gautier décrivait ainsi en 1948 : « Déracinés de leurs terres, souvent exploités, désemparés, ils attendent tout de Paris » !

 A suivre…

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